Actualités locales

Le confinement a fonctionné pour l'instant, il faut continuer à le respecter

Parmi les annonces du Premier Ministre, l'élargissement à venir de la distribution de masques dans les prochaines semaines, et l'établissement d'un droit de visite encadré pour les familles dans les EHPAD. Découvrez la synthèse du point d'information d'Edouard Philippe et Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé.

19 avril 2020 à 15h05 - Modifié : 19 avril 2020 à 17h23 par M.J.

Edouard Philippe et Olivier Véran lors de leur précédente conférence de presse commune

En avant-propos de ce point, le Premier Ministre a rappelé que cette crise sanitaire n'est pas terminée.



"Nous marquons des points, la situation s'améliore lentement mais nous ne sommes pas sortis de cette crise.


Elle soumet encore nos soignants à une pression considérable, elle fait encore des morts chaque jour."



Situation sanitaire en ce 19 avril 2020


Jérôme Salomon, Directeur Général de Santé Publique France présente une "lente décrue épidémique", avec 30.610 malades ; 890 nouveaux patients ont été admis au cours des dernières 24h, avec un solde négatif par rapport à la veille (il y a plus de sorties des hôpitaux que d'entrées).


80.000 personnes ont été hospitalisées depuis le début de l'épidémie.


5.744 sont encore en réanimation, avec un solde négatif encourageant.


19.718 décès imputés au Covid-19 au cours de ces 7 dernières semaines.


Pédagogie de la stratégie du confinement


Le Premier Ministre a réexpliqué l'objectif de la stratégie appliquée par le Gouvernement, à savoir d'échelonner l'épidémie dans le temps pour éviter une saturation des services hospitaliers.


Edouard Philippe a souligné les adaptations du système de soins réalisées dans les hôpitaux, ainsi que le respect par les Français des mesures de confinement. 13.5 millions de contrôles ont été effectués, 800.000 infractions ont été constatées.


Cette stratégie a permis d'arriver à une décroissance du nombre de patients admis dans les hôpitaux et dans les services de réanimation. La diminution du nombre de cas est lente et il faut pouvoir la maintenir dans le temps, avec toujours le respect des mesures de confinement.



"Le confinement a fonctionné. La propagation du virus a été limitée et l'objectif qui était celui que nous nous étions fixés, de restreindre à quelques régions, les lieux où les services de réanimation pouvaient être saturés dans l'idée de pouvoir les soulager avec les autres régions, est atteint."




Les masques


En janvier nous disposions d'un stock de 117 millions de masques chirurgicaux.


En temps normal, la consommation de ces soins des d'environ 5 millions par semaine, et nous sommes en capacité en France de produire 4 millions de masques chirurgicaux.


Nos sources habituelles d'approvisionnement en masques se sont tarries (notamment la Chine).


C'est la raison pour laquelle nous avons réussi progressivement à augmenter la capacité de production nationale à plus de 8 millions par semaine, et nous allons continuer.


Depuis le mois de mars les importations de Chine ont pu reprendre, et cette semaine nous avons réussi à importer beaucoup plus de masques que ce que nous consommons en ce moment.


Ces bons chiffres nous permettent d'envisager un élargissement de la stratégie de distribution des masques dans les prochaines semaines.


Plus de matériel, et encore des défis à relever


5 millions de masques vont être déstockés dans les prochaines semaines, notamment pour les ambulanciers, préparateurs en pharmacie, aides à domicile, manipulateurs radio.


Il faudra encore du temps pour répondre aux attentes d'autres personnels, notamment des médecins de ville qui souhaiteraient aussi pouvoir bénéficier de masques FFP2.


D'ici la fin du mois de juin, la France devrait disposer de 15.000 respirateurs, mais aussi de 15.000 autres respirateurs plus légers.


Grande vigilance sur les médicaments de réanimation, notamment des curares, dûe à une explosion mondiale de 200% de l'utilisation de ces médicaments.



La situation dans les EHPAD


45% de ces établissements ont signalé au moins un cas de coronavirus, il convient donc d'être particulièrement attentif à leur situation.


La quasi totalité des EHPAD a désormais accès à des services spécialisés en médecine gériatrique.


1.500 volontaires, infirmiers scolaires ou étudiants ont renforcé les équipes dans ces établissements, grâce à des dispositifs simplifiés et incitatifs.


Une campagne de dépistages systématiques en EHPAD dès qu'un cas est signalé dans un établissement. 50.000 de ces tests ont été réalisés et pris en charge par l'Assurance Maladie cette semaine.


Concernant le confinement en chambre et l'interdiction de tout droit de visite dans les EHPAD, sur recommandation des sociétés savantes, nous avons élaboré des recommandations nouvelles.


Dès demain, un droit de visite pour les familles, sous responsabilité des directions des établissements, sera possible dans des conditions particulières, pour visiter leurs anciens en situation de fragilité, à la demande des résidents.


Ce droit de visite, dans les mêmes conditions très encadrées, sera possible aussi dans les établissements accueillant des personnes en situation de handicap.


Attention à ne pas arrêter de se faire soigner hors-Covid-19


Les professionnels de santé 40% en moins pour les consultations en médecine générale. Hypertensions artérielles ou des diabètes très déséquilibrées, baisse inquiétante des dépistages en cancers.


Faites-vous soigner, si vous avez une maladie chronique, poursuivez votre traitement. Il y a aussi la télémédecine, remboursée à 100% par la Sécurité Sociale.


Les cas d'angoisses et peurs sont à prendre en compte aussi ; peur de se soigner, d'être malade, de perdre son travail ou son commerce, d'avoir perdu un être cher. Olivier Véran rappelle qu'il est possible de consulter un psychologue ou un psychiatre, même en télémédecine. Il est aussi possible d'appeler le numéro vert 0.800.130.000, et de se rapprocher des nombreuses associations présentes à travers tout le territoire.


Pour les soignants aussi, une plateforme a été lancée au 0.800.73.09.58 pour joindre une cellule d'écoute 7j/7 avec des psychologues.


Ce que l'on sait et ce que l'on ne sait pas du virus


Le Professeur Florence Ader, infectiologue à Lyon a fait le point.


Ce que l'on sait :



  • - Le génome du virus est désormais connu

  • - On connaît un certain nombre de chose sur les possibilités du virus de "s'accrocher"

  • - La chronologie et les symptômes cliniques de la maladie

  • - Les impacts du virus et la réaction du système immunitaire progressent



Ce que l'on ne sait pas encore :



  • - Pourquoi plus d'hommes que de femmes

  • - Très difficile d'anciticiper la gravité des évolutions de la maladie selon les patients

  • - L'impact sur les enfants, peu touché avec des formes symptômatiques peu importantes.

  • - La maladie n'est a priori peut-être pas immunisante, il est peut-être possible d'être malade plusieurs fois ?



Ces connaissances, et les réponses aux questions qui restent sans réponse pour l'instant, permettent d'avancer vers des médicaments spécifiques et un ou des vaccins. Dès cet été un essai sur l'homme de vaccin élaboré par l'Institut Pasteur devrait commencer. 150 propositions de vaccins sont en cours à travers le monde.


Conséquences économiques : la plus forte récession depuis 1945


La croissance sera négative de -8% en 2020 en France selon les projections actuelles.


Durant cette période de confinement on observe déjà des chiffres impressionnants :



  • - -36% d'activité économique

  • - -43% d'activité dans l'industrie

  • - -88% d'activité dans le secteur du bâtiment

  • - -90% d'activité dans la restauration et l'hébergement



Objectif, ne pas perdre aujourd'hui tout notre tissu productif pour permettre de rebondir le mieux possible à la reprise d'activité, autrement dit, limiter les fermetures d'entreprises et les licenciements.


Outre les mesures sur le chômage partiel (qui touche aujourd'hui près d'une entreprise sur deux), les prêts garantis par l'Etat et le Fonds de Solidarité, le Gouvernement envisage de nouvelles mesures d'accompagnement des entreprises. Un plan global de relance national et sans doute européen devra être établi pour la suite.


La perspective du déconfinement


Ce ne sera pas le retour à une vie totalement normale telle qu'on la connaissait avant le confinement.



"Nous devons organiser notre vie pour les mois qui viennent. Beaucoup s'interrogent sur la façon dont vont se passer les choses lors du déconfinement et après. Ces questions sont légitimes, mais je n'y répondrai pas aujourd'hui. Je le ferai dans les 15 jours qui viennent lorsque je présenterai le plan demandé par le Président de la République."




Edouard Philippe a présenté les grandes règles qui dirigent le Gouvernement pour réaliser ce plan, en gardant à l'esprit que "notre vie ne sera pas, avant longtemps, la même qu'elle était avant le confinement".



  • - Préserver la santé des Français

  • - Assurer la continuité de la vie de la Nation



2 conditions essentielles pour envisager le déconfinement :



  • - rétablir la capacité d'accueil des hôpitaux

  • - il faudra continuer à limiter au maximum la circulation du virus



"Nous allons devoir apprendre à vivre avec le virus"


La population n'est pas immunisée, nous n'aurons pas de vaccin rapidement, en tous cas pas avant 2021 et il n'y a pour l'instant pas de traitement connu.


Reste la prévention pour gérer le déconfinement et les mois qui suivront. 3 éléments essentiels pour cette prévention :



  • - les gestes barrière devront continuer à être respectés avec le même respect et sérieux

  • - les tests virologiques seront indispensables pour les personnes présentant des symptômes et celles susceptibles de les avoir côtoyés

  • - l'isolement des porteurs du virus


Concernant les gestes barrière, le lavage des mains est indispensable et son efficacité ne fait pas débat.


Concernant les masques, ils ne remplaceront jamais les gestes barrières mais ils peuvent être un outil complémentaire. D'ici le 11 mai, 17 millions de masques en tissu, normalisés par les autorités sanitaires et pour la plupart lavables parfois jusqu'à 20 ou 30 fois vont être produits en France par les industriels avec une centaine de producteurs. Des importations viendront renforcer cette production. Leur distribution s'appuiera sur les communes.


Les réponses aux grands débats de ces derniers jours


Edouard Philippe estime "probable" que le port du masque devienne obligatoire dans les transports publics.


L'utilisation d'applications utilisant la géolocalisation des personnes malades ou de celles susceptibles d'avoir été contaminées, sera envisagée, sur la base du volontariat et de manière anonymisée, a précisé Olivier Véran.


Selon le Premier ministre, dans les entreprises, il faudra maintenir autant que possible le télétravail pendant la période de déconfinement.


Concernant la réouverture des écoles, elle s'effectuera de manière progressive à partir du 11 mai. Les modalités précises de cette disposition ne sont pas encore définies pour assurer la santé des élèves et des personnels.


Concernant les personnes vulnérables, le Gouvernement fera appel à la responsabilisation individuelle de chacun. Autrement dit il n'y aura pas de confinement obligatoire prolongé pour les personnes âgées ou celles qui sont atteintes d'une maladie respiratoire chronique. Ce confinement restera conseillé fortement pour les personnes les plus fragiles.


Le déconfinement et la manière dont il sera mis en oeuvre donnera lieu à un débat parlementaire au début du mois de mai, après la présentation fin avril par Edouard Philippe du plan de déconfinement.




Téléchargez gratuitement l'application Contact FM sur  et