Zone d'alerte renforcée à Lille : les nouvelles mesures sont-elles justifiées ?
Face à l'incompréhension et parfois à la défiance des indicateurs avancés par le Gouvernement pour justifier ces mesures, sont-elles réellement justifiées ?
Publié : 24 septembre 2020 à 5h13 - Modifié : 24 septembre 2020 à 5h58 par
Photo d'illustration
Nouvelle carte de circulation du coronavirus dévoilée hier soir par le ministre de la Santé et nouvelles couleurs, avec différentes nuances de rouge.
Le Pas-de-Calais reste en rouge pâle, zone d’alerte, le Nord passe en rouge vif, du moins la métropole lilloise, zone d’alerte renforcée.
Restent deux nuances encore au-dessus, zone d’alerte maximale qui concerne uniquement Aix-Marseille et la Guadeloupe pour l’instant et noir Etat d’Urgence Sanitaire qui n’est décrété nulle part pour l'instant.
Olivier Véran a annoncé plus de 13.000 nouveaux cas et 70 clusters détectés en 24h.
Ces nouvelles nuances de rouge sont justifiées selon le taux d'incidence (le nombre de nouveaux cas de contaminations avérées sur 100.000 habitants) et plus spécifiquement le taux d'incidence chez les personnes âgées de plus de 65 ans, autrement dit les plus fragiles.
"Plus de nouveaux cas, c'est normal on teste plus"
Nombre d'opposants au port du masque obligatoire et plus généralement aux mesures prises par les autorités face à la pandémie, se demandent à juste titre si ces décisions sont vraiment justifiées.
Ils ne sont pas forcément convaincus par cet indicateur du taux d'incidence, car selon eux il est logique de détecter plus de cas positifs puisqu'il y a plus de tests effectués.
Ce n'est pas faux, et c'est précisément pour cela que les autorités sanitaires s'appuient aussi sur l'évolution du taux d'incidence plus précisément chez les seniors.
Y a-t-il vraiment plus de malades ?
Puisque cet indicateur ne convainc pas totalement, intéressons-nous aux nombre de personnes malades, tout en rappelant qu’il y a bien plus de personnes touchées mais asymptomatiques qui sont susceptibles de contaminer des personnes plus fragiles.
Santé Publique France indiquait sur son site remis à jour quotidiennement Géodes, ce mercredi 23 septembre, avoir enregistré 30 nouvelles hospitalisations en 24h dans le Nord, 7 dans le Pas-de-Calais.
Les cas graves de la Covid-19 sont également de plus en plus nombreux
8 malades ont été admis en réanimation au cours des dernières 24h dans le Nord, ce qui porte à 57 le nombre de patients Covid actuellement en réanimation dans les hôpitaux du Nord-Pas-de-Calais. C'est plus du double d'il y a un mois, au 23 août dernier on comptabilisait 27 patients Covid dans les services de réanimation du Nord-Pas-de-Calais.
Une évolution plus marquée dans la métropole lilloise
Avec une forte population étudiante, une vie culturelle et festive dynamique et une densité de population importante, la Métropole Européenne de Lille est un territoire plus sensible à la circulation du coronavirus.
C'est ce qui explique les mesures prises par les autorités sanitaires, détaillées ici.
Les étudiants notamment, souvent asymptomatiques, ont tendance à prendre moins de précautions lorsqu'ils se retrouvent pour faire la fête, dans des appartements ou lors de soirées en extérieur.
Les comportements qui ont pu être observés dans les débits de boissons depuis plusieurs semaines amenaient à des inquiétudes qui se vérifient aujourd'hui dans les chiffres, et qui ont parfois déjà donné lieu à des sanctions administratives pour des patrons d'établissements ne respectant pas les règles sanitaires ou ne les faisant pas respecter par leurs clients (distanciation, port du masque pour tous les déplacements dans l'établissement).
Ne déclarant pas de maladie, ils peuvent estimer que ce n'est pas très grave, ils ont d'ailleurs raisons sur ce point, sauf que parmi eux, certains peuvent être plus vulnérables (atteints de pathologies comme le diabète par exemple).
Par ailleurs en rentrant chez eux le week-end, ils deviennent alors facteurs de contamination pour d'autres personnes de leur entourage, dans leurs familles et c'est à travers eux (notamment, parce qu'il ne s'agit pas de stigmatiser ; ce qui vaut pour les étudiants vaut pour d'autres types de population également) que le virus peut de nouveau gagner du terrain et favoriser de nouveaux cas graves de Covid-19.
En résumé, plus les règles sanitaires seront observées par tous, moins les autorités seront amenées à prendre des mesures contraignantes.